mardi 17 mars 2020

Retour sur nos 20 ans !!


PETIT DIC’EAU AMOUREUX
Œuvre chorale



On ne devrait pas avoir besoin d’un prétexte pour « se jeter à l’eau », pour lever l’ancre de l’écriture et jeter l’encre des impressions … mais nous saisissons  celui du vingtième anniversaire de la création de l’association « L ‘eau est le pont », fondée le 24 octobre 1997, pour rassembler nos petits ruisseaux et accoucher de cette singulière rivière, la nôtre, la vôtre, celle que l’eau nous prête pour irriguer notre imaginaire, notre corps, notre planète, notre vie partagée avec le monde vivant, nos rencontres avec l’autre et notre conscience écologique, pour mieux nous immerger dans la défense de cette « terre-mère [1]», « terre-patrie [2]» qui peine tant à être « terre humaine [3]».

Il y a vingt ans, nous étions habités par l’énergie de l’engagement et l’utopie créatrice nécessaires à tout projet. Pendant vingt ans, nous les avons tenues à bout de bras, elles nous ont parfois un peu abandonnés, mais l’espace d’un instant seulement. Aujourd’hui, nous ouvrons une nouvelle page, pour que d’autres s’en saisissent, la complètent et poursuivent ce voyage en plongeant dans « l’esprit de l’eau[4] ». Ce Petit dic’EAU amoureux est avant tout une invitation faite à chacun.e de le compléter pour aller encore plus loin !
Il s’agit ici tout simplement de livrer des instants, des regards, des espoirs partagés et de donner libre cours à l’expression de tou.te.s ceux et celles qui ont participé à cette aventure et l’ont rendue possible par leur soutien, leurs encouragements, leur engagement, leurs questions, leur confiance… Pour faire vivre l’eau qui nous fait vivre !

En cela nous tressons les rivères des eaux éco-formatrices et suivons la pente de leurs « découvreurs », René Barbier et Gaston Pineau, en empruntant à l’auteur de la préface de l’ouvrage éponyme[5], Jean-Jacques Wunenburger, l’éclairage suivant : « A la relation cognitive, réglée, objective, froide, nous ajoutons ou opposons une relation vécue, imagée, en un mot poétique. Sans la poésie du monde, sans la rêverie, sans les associations d’images et les fabulations langagières, la réalité resterait un donné extérieur, froid, calculable, maîtrisable, mais à vrai dire étranger, indifférent, inhumain. » Entrons ensemble dans ce delta anastomosé.

Genèse du projet :
Après avoir dressé ensemble une liste d’entrées lexicales, nous avons accueilli comme une offrande les  contributions : textes, dessins et photographies ont soit été envoyés par nos adhérents, amis, correspondants, soit sont le produit de rencontres ou d’ateliers.
Nous sommes heureux de l’accueil qu’a reçu notre invitation à participer à ce projet.
La lettre « p » a rencontré un franc succès ! Quelques lettres en revanche sont restées orphelines, nous les avons dépliées nous-mêmes. Il faut citer ici l’importante contribution de Joëlle Naïm[6], auteure, artiste plasticienne et co-signataire de la déclaration de création de « L’eau est le pont ».

Les définitions n’ont pas vocation à renseigner les critères scientifiques ou techniques de cet élément « eau » aux contours physico-chimiques encore mal élucidés. Il s’est plutôt agi d’accueillir des expressions, des émotions, des souvenirs, des sensations, des musiques toutes personnelles à valeur, espérons le, universelle. Comme autant de reflets de cette aventure associative que nous souhaitons élargir en mettant « l’eau au cœur »… Au cœur de nos fonctionnements quotidiens, de notre sensibilité, de notre inspiration, de nos rêves, du « vivre ensemble » afin qu’elle devienne – ou redevienne – vecteur de lien, objet d’attention, porteuse d’une ambition pour un monde de paix.  

Pour participer au grand récit de l’eau qui reste à composer, à l’image de l’eau elle-même, telle que la présente Gaston Bachelard (1884-1962), philosophe des sciences, de la poésie et du temps.[7]

Sous forme d’abécédaire, ce petit opus que nous avons voulu collégial, choral, coloré et sensible est avant tout l’alpha, la source d’un fleuve que nous vous invitons à regarder, alimenter et naviguer, à conduire vers le grand océan de la vie vivante.

Car si nous passons trop souvent à côté d’elle sans la voir, l’eau nous regarde !


Par Françoise Gigleux,
fondatrice de l’association « L’eau est le pont »

 "La soif des canaris" (crédit photo Francis José-Maria, L'eau partagée, Burkina Faso,  2017)




[1] Traduction de lapachamama : la plus importante divinité des peuples andins car, en plus d'offrir sa protection, elle représente la fertilité, l'abondance, la féminité, la générosité, le rendement des cultures, etc., des qualités extrêmement importantes dans les sociétés traditionnelles directement dépendantes de la terre.
[2] Titre du livre d’Edgar Morin et Anne Brigitte Kern, Le Seuil, 1993
[3] Titre de la collection d’ouvrages fondée et dirigée par Jean Malaurie, Ed Plon
[4] Titre du livre du photographe Philippe Lannes sur les Pyrénées, Editions au fil du temps, 2013
[5] Les eaux éco-formatrices, coordonné par René Barbier et Gaston Pineau, Paris, l’Harmattan, 2002 ; préface de  Jean-Jacques Wunenberger,
[6] joelle.naim.free.fr
[7] L’Eau et les rêves. Essais sur l’imagination de la matière, José Corti,1942