PETIT DIC’EAU AMOUREUX
Œuvre chorale
Œuvre chorale
On ne devrait pas avoir besoin d’un
prétexte pour « se jeter à l’eau », pour lever l’ancre de l’écriture
et jeter l’encre des impressions … mais nous saisissons celui du vingtième anniversaire de la création
de l’association « L ‘eau est le pont », fondée le 24 octobre
1997, pour rassembler nos petits ruisseaux et accoucher de cette singulière
rivière, la nôtre, la vôtre, celle que l’eau nous prête pour irriguer notre
imaginaire, notre corps, notre planète, notre vie partagée avec le monde
vivant, nos rencontres avec l’autre et notre conscience écologique, pour mieux
nous immerger dans la défense de cette « terre-mère [1]»,
« terre-patrie [2]»
qui peine tant à être « terre humaine [3]».
Il y a vingt ans, nous étions habités
par l’énergie de l’engagement et l’utopie créatrice nécessaires à tout projet.
Pendant vingt ans, nous les avons tenues à bout de bras, elles nous ont parfois
un peu abandonnés, mais l’espace d’un instant seulement. Aujourd’hui, nous
ouvrons une nouvelle page, pour que d’autres s’en saisissent, la complètent et
poursuivent ce voyage en plongeant dans « l’esprit de l’eau[4]
». Ce Petit dic’EAU amoureux est
avant tout une invitation faite à chacun.e de le compléter pour aller encore
plus loin !
Il s’agit ici tout simplement de livrer
des instants, des regards, des espoirs partagés et de donner libre cours à
l’expression de tou.te.s ceux et celles qui ont participé à cette aventure et
l’ont rendue possible par leur soutien, leurs encouragements, leur engagement,
leurs questions, leur confiance… Pour faire vivre l’eau qui nous fait vivre !
En cela nous tressons les rivères des
eaux éco-formatrices et suivons la pente de leurs « découvreurs »,
René Barbier et Gaston Pineau, en empruntant à l’auteur de la préface de
l’ouvrage éponyme[5], Jean-Jacques
Wunenburger, l’éclairage suivant : « A la relation cognitive, réglée,
objective, froide, nous ajoutons ou opposons une relation vécue, imagée, en un
mot poétique. Sans la poésie du monde, sans la rêverie, sans les associations
d’images et les fabulations langagières, la réalité resterait un donné
extérieur, froid, calculable, maîtrisable, mais à vrai dire étranger,
indifférent, inhumain. » Entrons ensemble dans ce delta anastomosé.
Genèse du projet :
Après avoir dressé
ensemble une liste d’entrées lexicales, nous avons accueilli comme une offrande
les contributions : textes, dessins
et photographies ont soit été envoyés par nos adhérents, amis, correspondants,
soit sont le produit de rencontres ou d’ateliers.
Nous sommes heureux de
l’accueil qu’a reçu notre invitation à participer à ce projet.
La lettre « p »
a rencontré un franc succès ! Quelques lettres en revanche sont restées
orphelines, nous les avons dépliées nous-mêmes. Il faut citer ici l’importante
contribution de Joëlle Naïm[6],
auteure, artiste plasticienne et co-signataire de la déclaration de création de
« L’eau est le pont ».
Les définitions n’ont pas
vocation à renseigner les critères scientifiques ou techniques de cet élément
« eau » aux contours physico-chimiques encore mal élucidés. Il s’est
plutôt agi d’accueillir des expressions, des émotions, des souvenirs, des
sensations, des musiques toutes personnelles à valeur, espérons le,
universelle. Comme autant de reflets de cette aventure associative que nous
souhaitons élargir en mettant « l’eau au cœur »… Au cœur de nos
fonctionnements quotidiens, de notre sensibilité, de notre inspiration, de nos
rêves, du « vivre ensemble » afin qu’elle devienne – ou redevienne –
vecteur de lien, objet d’attention, porteuse d’une ambition pour un monde de
paix.
Pour participer au grand
récit de l’eau qui reste à composer, à l’image de l’eau elle-même, telle que la
présente Gaston Bachelard (1884-1962), philosophe des sciences, de la poésie et
du temps.[7]
Sous forme d’abécédaire,
ce petit opus que nous avons voulu collégial, choral, coloré et sensible est
avant tout l’alpha, la source d’un fleuve que nous vous invitons à regarder,
alimenter et naviguer, à conduire vers le grand océan de la vie vivante.
Car si nous passons trop
souvent à côté d’elle sans la voir, l’eau
nous regarde !
Par Françoise
Gigleux,
fondatrice de
l’association « L’eau est le pont »
"La soif des canaris" (crédit photo Francis José-Maria, L'eau partagée, Burkina Faso, 2017)
[1] Traduction de lapachamama : la plus importante
divinité des peuples andins car, en plus d'offrir sa protection, elle
représente la fertilité, l'abondance, la féminité, la générosité, le rendement
des cultures, etc., des qualités extrêmement importantes dans les sociétés
traditionnelles directement dépendantes de la terre.
[2] Titre du livre d’Edgar Morin et Anne
Brigitte Kern, Le Seuil, 1993
[3] Titre de la collection d’ouvrages
fondée et dirigée par Jean Malaurie, Ed Plon
[4] Titre du livre du photographe Philippe
Lannes sur les Pyrénées, Editions au fil du temps, 2013
[5] Les eaux éco-formatrices, coordonné par René
Barbier et Gaston Pineau, Paris, l’Harmattan, 2002 ; préface de Jean-Jacques Wunenberger,
[6] joelle.naim.free.fr