Les crises qui secouent
régulièrement le monde de la finance et ébranlent les constructions virtuelles
derrière lesquelles nous vivons cachés, ouvre une nouvelle voie où refonder nos
forces, oser nos vies, questionner notre rapport au monde et inventer de
nouvelles perspectives. En choisissant la voie/x de l’espoir, de la sagesse et
du courage, il est possible de creuser de nouveaux sillons et de tenter de
prendre en main notre destin, qui a pour horizon : « Environnement »,
« Europe », « Ethique », « Culture »,
« Sciences », etc…
En effet, s’il est vrai que nous
avons tous notre part de souffle dans la tempête qui agite les places
financières et le monde en général, s’il est clair que notre mode de croissance
creuse les déséquilibres entre riches et pauvres, entre Nord et Sud, « il
est patent, comme le dit Jean-Claude Besson-Girard, dans le N° 3 de la revue Entropia[1] que notre conscience – et par
conséquent notre éthique et notre morale – n’est pas à la mesure des outils de
notre puissance, ce qui est un facteur essentiel d’irresponsabilité ».
Il est temps de « changer de
chaise » pour changer notre point de vue sur le monde. De toute façon, la
chaise sur laquelle nous sommes assis est disloquée !
« Tsunami », »
ouragan », « tempête »… autant de métaphores empruntées à la
nature pour parler des vagues successives et violentes qui assaillent les milieux économiques et
par conséquent les plus pauvres d’entre nous.
Pourquoi ne pas emprunter
justement à la nature – à des taux
fixes et respectueux – les forces qui l’habitent ? Pourquoi ne
l’envisageons-nous pas à la fois comme sujet et objet de notre projet et de nos
équilibres planétaires, comme vade-mecum et indicateur de nos initiatives
personnelles et collectives ?
Nous ne parlons ces jours-ci que
du grand désordre qui mélange les tapis de jeu de quelques responsables
inconséquents. Mais qu’en est-il des cartes souterraines et irréversibles qu’on
ne peut déjà plus jouer sur le plan climatique, énergétique,
environnemental et humain ?
Je choisis pour ma part le
pouvoir éclairant et transformateur de l’eau. Mircea Eliade [2]
en évoquant le chaos primordial que « l’eau, par son absence de forme
propre, représente au mieux », nous invite à voir dans cette « masse indifférenciée » toutes les possibilités
de création, un « réservoir de toutes les possibilités d’existence ».
L’eau, par sa polysémie, nous invite à l’horizontalité, la transversalité, au
décloisonnement.
Puisque les systèmes en place
révèlent leurs limites, s’essoufflent et nous épuisent, puisons donc
l’inspiration ailleurs !… et réinvestissons la nature (et non pas
« dans la nature » !) et le vivant : l’eau est le pont qui
peut nous mener sur cette autre rive.
Tendre un verre d’eau à l’Autre
qui a soif n’est-il pas un geste naturel, la base du pont dont nous sommes tous
de potentiels architectes ?
« A vivre l’eau,, on peut finir par aller
loin… »
(Equilibrer, recueil
inédit, Eugène Guillevic)
Françoise GIGLEUX